Bernadette CHARPENTIER, artiste plasticienne, est née en 1958 dans la région nantaise. Diplômée en arts plastiques à l’Université de Paris I Sorbonne, elle vit et travaille dans la région paloise. Elle expose régulièrement et intervient dans des projets artistiques et culturels divers (médiathèques, crèches, artothèques, lycées). Dans le cadre du projet d’éveil culturel de la petite enfance mis en place par le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, elle a participé à des résidences d’artistes en structure d’accueil de la petite enfance.

      Depuis quelques années, elle présente aussi des livres d’artistes et est co-fondatrice des Editions " Les Mots en écho », dont l'orientation principale est  la rencontre entre les mots et un univers  artistique singulier sous forme de livres d’art et livres d’artistes. 
      A l’écart de l’agitation du monde, Bernadette Charpentier se partage entre son atelier de la région paloise et des espaces buissonniers et poétiques, privilégiant les rencontres intimes avec l’écriture, les êtres et la nature. Terreau fertile où résonances, traces, empreintes viennent nourrir la matière colorée de ses tableaux, gravures et livres d’artistes. Son besoin de saisir l’élémentaire et l’éphémère a peu à peu imposé dans ses créations le papier comme médium idéal, sa réceptivité, porosité, et fragilité naturelles, prolongeant son regard sur le monde. Approche contemplative, où tous sens en éveil, elle en révèle le grain et ses métamorphoses. 

       PASSAGES, LISIERES, MEAMORPHOSES, SAISONS, ENVELOPPES, COCONS, GRAINES, PEAUX  sont des thèmes récurrents dans ses créations et laissent deviner un  besoin trés présent  de saisir l’impalpable.

      « Avec la création des  livres d’artiste envisagés comme espaces poétiques, de nouvelles recherches de support voient le jour, avec un souci de mise en scène poétique dans un espace donné. La proximité avec la nature est toujours présente. Mais désormais, Il ne s"agit  plus simplement d' évoquer la nature mais de composer avec elle au présent en créant des rencontres poétiques à partir de tous ces petits riens qui me fascinent ou de ces immensités qui me ravissent. Je poursuis ce travail dans la Nature et dans les résidences d’artistes avec des créations proches du Land art, accompagnées de photographies. »

      Parallèlement à ses recherches artistiques, elle mène une réflexion pédagogique concernant l’éveil et l’éducation artistique. Son expérience professionnelle auprès de jeunes enfants et sa formation artistique universitaire, ont enrichi ses recherches dans ce domaine. Elle a ainsi élargi ses expériences et formations par la création d’ateliers d’arts plastiques pour enfants et adultes en Afrique où elle a séjourné cinq années et dans la région de Pau, et par l’enseignement auprès d’enfants et adolescents en collèges et lycée professionnel.
     
     En 2010, elle participe au projet de création de l'association  "Les ateliers Buissonniers", à Pau et accompagne différents publics dans des démarches créatives.

 

 

                    Dans l'Atelier

        A la fois refuge, cocon et laboratoire, je retrouve dans mon atelier l’intimité, et le silence nécessaires à ma concentration Il est essentiel pour moi de m’y retrouver seule, de pouvoir me déplacer, observer avec distance, explorer.
        …Ma technique picturale n’impose pas une peinture directe sur la toile, mais implique et offre tout un jeu de détours, haltes, étapes qui s’accorde bien à mon approche à la fois curieuse et prudente des êtres, du monde. A l’écoute de tout ce qui m’anime alors, je considère et j’aborde mon travail comme un cheminement avec ses imprévus, joies, exigences, égarements… Peu à peu, à l’apparente confusion du départ succède un ordre nouveau, et lentement se dévoile un sens. Cette technique exige également une sensibilité tactile que j’utilise avec joie. En effet, mes doigts tour à tour vont palper, tracer, presser, pigmenter, déchirer, froisser, effleurer, s’emparer du papier jusqu’à cette opération finale et délicate du marouflage. Geste subtil et sensuel d’une longue caresse.
        Dans ce travail silencieux, à l’écoute de tout ce qui résonne alors en moi, j’écarte tout point de vue fixe et immobile pour projeter mes visions multiples, qui pourraient être tout à la fois semblables à la vision aérienne d’un oiseau ou à celle reptilienne d’un serpent. Le corps s’accorde à l’ubiquité de ce regard et se déplace autour de la toile, l’explore comme un champ infini de possibles, l’ensemençant de toutes parts de signes, de traces. Y contempler l’éternité et y recueillir l’éphémère… Voir dans cet espace ainsi parcouru et si réduit cependant s’unir soudain l’infiniment lointain et l’infime des choses. Le temps se faufile, murmure, palpite. Dans le silence de l’aube ou du crépuscule, ombre et lumière s’épousent. Instant sacré.
        Infime et précieux bout de papier de soie, dont la transparence, la fragilité, la porosité, savent si bien garder la trace d’accidents, déchirures, pliures, et qui devient peu à peu sur la toile comme une peau déployée, comme une peau qui avouerait en ces cicatrices, taches et rides, une unique et authentique histoire. La surface de mes toiles pourrait se lire comme une peau. Mince frontière entre deux mondes où l’intime affleure.

                        Regard sur ma démarche

        Comme un voyageur s’émerveille en de lointaines terres, m’enfoncer dans de mystérieuses profondeurs minérales, végétales, sonores, symboliques ou poétiques ; me laisser aspirer, impressionner, « altérer ».
Plus tard, dans l’intimité de l’atelier où règnent confondus le silence, le désordre et la lumière, recueillir comme des bribes de rêve au matin les résonances, les souvenirs qui, après de tels voyages demeurent encore. Donner alors une nouvelle forme, une nouvelle vie à ces mots, ces vers, à ces lambeaux de nuit ou de légende, à ce fragile matin de Décembre.

        
Le papier de soie a pour lui de pouvoir s’imprégner de couleurs et teintures diverses. Texturé, froissé, déchiré en de multiples fragments qui sont ensuite marouflés sur toile ou sur bois, il sait aussi changer de nature et se faire pierre, écorce ou bien nuit…Geste et technique qui sollicitent et respectent le hasard, l’accident, l’inattendu et restituent à la matière tout son mystère et sa beauté.
        
Tels ces extraits de parfum qui cristallisent en quelques gouttes l’âme même de milliers de fleurs et de matières odorantes, ces  fragments juxtaposés, superposés, ou mêlés ne nomment pas mais composent un univers intime, suggèrent une profondeur invitant le regard à caresser, à se perdre , ou rêver.
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                    Texte correspondant à la galerie ALBEDO

 

   

Présentation de la suite de  9 tableaux sur bois, « OFFRANDES ». Le format est très particulier puisqu’il s’agit de panneaux verticaux de 100 cm x 30 cm au nombre de 9 , dont chacun est doté de petites tablettes , minuscules autels recevant des fragments de la nature . Il y a à la fois une continuité avec mes recherches précédentes nourries par mon lien profond avec la nature et en même temps une orientation nouvelle dans la mesure où la nature n’est plus simplement évoquée, suggérée, mais est élevée au rang d’œuvre d’art , faisant partie intégrante du tableau .Il s’agit en effet d’une parenthèse à comprendre comme une marge à la fois dans mon existence mais aussi dans l’existence de tout être puisqu’il s’agit d’une interrogation , d’une évocation de ce grand passage de la vie à la mort .Il s’agit presque d’un bas relief où peuvent se lire 3 niveaux ,3 temps .A l’arrière , encadrant l’ensemble, un panneau noir opaque ,à dominante bleutée ou rouille, texturé de signes , d’empreintes de feuilles ,de signes en relief .Au dessus , en panneau intermédiaire un tableau avec une dominante de blancs crayeux, gris bleutés, ocres tachetés, évoquant des murs, des écrans poreux .Fixées sur ce tableau blanc, une , deux ou trois minuscules tablettes sur lesquelles sont déposées des présents des trois règnes , minéral, végétal , animal : graines , noix , noisettes, amandes , ardoise ligaturée, duvet d’oiseau. Présent, passé, futur ? ou bien serait-ce l’inverse ? Mouvement cyclique où la vie peut s’éteindre à l’aube, naître de la nuit, où les deux extrêmes se touchent puisqu’il n’est question que de métamorphoses, passages successifs. Mon regard pénètre ce temps intime, seuil vers l’inconnu où la vie disparait et renaît. Le tableau devient espace transitionnel entre ce qui fût et ce qui sera. Nature en offrande, promesse de renouveau, nature liée, offerte comme un présent éphémère, signe du lien vivant, de l’attachement, mais aussi lien symbolique comme un cordon spirituel.
Les tableaux suivants réalisés à la suite de ce travail sont aussi dans une dominante blanche, évoquant des murs où affleurent signes diffus, taches, textures, couleurs captives, Fragments d’une écriture intime, les mots en prières traversent l’espace, le recouvrent comme un voile protecteur ou trament avec le silence des murmures sacrés.

Bernadette CHARPENTIER

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                      Texte correspondant à la série de dessins  "Enveloppes ". "Tissés d'ombre et de lumière" .

      
Enveloppe
     Abri de silence, nid,cocon, matrice.
     Entre deux.
     Frontière entre l'intime et l'inconnu, l'enveloppe cache ou révèle, contient et sert de lien
     Commela peau, elle relie le visible e l'invisible, l'ouvert et le fermé, le profane et le sacré.
     Enveloppe, filet, résille , tamis.
     La ligne court silencieusement, s'ouvre et se referme, s'enroule et se déroule parcourant sans 
     relâche la page vierge.             
     Jeu d'alternance: une maille à l'endroit, une maille à l'envers.
     Comme un tissage fait de brins d'ombre et de lumière,

     tantôt lâche  et léger ,tantôt opaque et dense.
     Chaque dessin  évoque ces états  où le vivant se protége ou s'enferme, se libère ou s'aliène.

                                                                                                         B.C

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           Texte correspondant à l'installation : L'ENVERS DU DECOR

    

Ce projet d’art éphémère s’inscrit  dans le projet « CABANES d’UN JOUR », dont le texte suit ci-dessous .Ce projet a donné lieu à une grande manifestation artistique intitulée « Mortel » le samedi 15 octobre 2011, mêlant arts plastiques, théâtre de rue, spectacle vivant. Je livre ici les grandes lignes du projet initial  concernant les cabanes.

 

                Ma cabane : L’ENVERS DU DECOR

            

 

« Inspirée par  l’image des boîtes noires  qui repêchées du fonds des océans  délivrent les secrets d’une histoire interrompue, j’ai souhaité évoquer le contraste entre l’endroit et l’envers des choses. L’envers du décor en quelque sorte, qui surprend si souvent, qu’il s’agisse des êtres ou des choses. Invitation donc  à aller au-delà des apparences  et à pénétrer dans l’intimité d’une histoire, tissée de rencontres, d’événements. Le temps s’est arrêté. Tout est devenu bleu,  couleur de la mer, du lointain.  Retrouverons- nous le fil de l’histoire ? »

                                                                                                                       Bernadette Charpentier

 

 

PROJET INITIAL : « LES CABANES D’UN JOUR  ».MJC Berlioz / Théâtre de l’Unité / Pau/14 et 15 octobre 2011. (Rédaction  texte ci dessous : MJC Berlioz)

Le défi : Créer un village éphémère durant 36 heures, sur la friche des futurs jardins Lauga, occupé par 40 cabanes, chacune racontant l’intimité d’un individu. Ces cabanes seront construites par leurs inventeurs, épaulés de plasticiens professionnels. Le nouveau bailleur social du lot « Cabanes d’un jour », incarné par le collectif Berlioz, dressera un cahier des charges d’occupation des lieux, un appel d’offre sera lancé à la population locale.

Porteur du programme : La MJC Berlioz tient une place prépondérante dans le quartier Berlioz au sein du Hameau à Pau. Elle en est l’acteur social pivot, fédérateur. Elle s’est toujours située comme un « contrepouvoir positif ». Sa réflexion et ses interventions se situent dans une approche globale, systémique de ce territoire. Pour la MJC, aujourd’hui, l’appropriation de la culture passe par le fait de raconter une histoire. On y apprend, celle d’un lieu, d’un groupe, on l’enrichit… un jour celle-ci devient consubstantielle, elle fait partie de nous.

Objectifs du programme

Permettre au public le plus large de se familiariser avec l’art et la création en intégrant les processus de création et en facilitant les rencontres avec les artistes. Permettre à un individu de concrétiser et matérialiser sa pensée par le savoir d’un plasticien. S’exercer à l’art éphémère, participer à la légende qui devient mémoire collective.

 

Règles du jeu :Mai  à Septembre 2011

Je réponds  à l’appel d’offre .J’ai un projet de cabane. J’aime les défis, j’habite dans le coin, je suis volontaire pour construire une cabane ! Je suis seul ou en groupe. Je contacte la MJC berlioz pour soumettre mon projet de cabane et voir si ca colle avec le cahier des charges de l’appel d’offre. Je commence la construction. C’est bon ! On m’a attribué un lot, c’est ma 1ère propriété ! Je commence à construire, aidé d’un plasticien professionnel et d’autres volontaires comme moi. On se voit toutes les semaines à la grange de la MJC Berlioz. C’est le 14 octobre ! Il est 18h. J’ai 4 heures pour monter mon chef d’œuvre sur la friche et 24 heures pour lui donner son caractère. A 18h, le lendemain, je me prépare pour la destruction du village, nos cabanes d’un jour nous auront donné des ailes. Pour la construction la cabane doit pouvoir être stockée sur un minimum de place .Elle doit être démontable, transportable et se monter à la main sans outils électriques la surface habitable doit être inférieure à 10 m2.Sa hauteur est illimitée .Les matériaux de constructions doivent être biodégradables ou issus de la récupération.

 

                                                                                                                                               MJC Berlioz